Maladie Génétique rare

L’hyperglycinémie sans cétose
Qu’est-ce que L’Hyperglycinémie sans cétose ?
C'est une maladie rare ...

Seuls 2 à 3 enfants naissent chaque année en France avec cette pathologie.
L’association a recensé une quarantaine de malades en France.

Moins de 1000 personnes au monde survivent avec cette maladie.

C'est une maladie métabolique d’intoxication ...

Elle est due au dysfonctionnement des réactions biochimiques qui permettent de réguler la glycine, un acide aminé.

Elle a des conséquences neurologiques ...

La glycine est un neurotransmetteur inhibiteur qui se retrouve en excès dans l’organisme et empêche le bon fonctionnement du cerveau.
Crises d’épilepsie, léthargie, coma, détresse respiratoire sont les premiers symptômes.
Dans 80% des cas la maladie est si sévère qu’elle entraine le décès dans les jours qui suivent la naissance.

C'est une maladie génétique ...

La glycine est régulée dans l’organisme grâce à des réactions biochimiques et à l’intervention d’une enzyme appelée enzyme de clivage de la glycine.
A cause de mutations génétiques, cette enzyme n’est pas synthétisée correctement et n’est donc pas ou très peu fonctionnelle.

L'hyperglycinémie sans cétose est héréditaire ...

Ces mutations sont transmises par le père et la mère au moment de la conception.
On parle de maladie récessive autosomique.
Ces couples ont 1 risque sur 4 à chaque grossesse d’avoir un enfant atteint.

Evolution et pronostic ...

Les premiers symptômes apparaissent dans les heures qui suivent la naissance (80% des cas) ou bien dans les premiers mois de vie, avant l’âge d’un an (20%).
On parle de forme néonatale ou infantile.
Il existe très exceptionnellement une forme tardive (7 cas décrits au monde).
En fonction de la sévérité des symptômes et indépendamment de l’âge d’apparition de la maladie, on distingue plusieurs formes de la maladie : forme sévère, formes atténuées, formes atypiques.
En cas de forme sévère le pronostic vital est menacé à très court terme cependant certains bébés survivent avec un très lourd handicap.

Autre dénomination de l'hyperglycinémie sans cétose ...
  • Encéphalopathie glycinique
  • Hyperglycinémie non cétosique.
  • En anglais : Non Ketotic Hyperglycinemia (NKH)
L’hyperglycinémie sans cétose

Diagnostic

L’Hyperglycinémie sans cétose devrait être suspectée :
– chez les nourrissons présentant une hypotonie, un coma inexpliqué et des convulsions,
– ainsi que chez les jeunes enfants souffrant de convulsions, présentant une hypotonie
et un retard de développement psychomoteur.
Certains résultats d’examens sont alors évocateurs :
– un dosage surélevé de la glycine dans le sang, le liquide céphalo rachidien et les urines,
– un ratio entre la glycinorachie (taux de glycine dans le LCR obtenu par ponction lombaire) et la glycinémie (taux de glycine dans le sang) supérieur à la normale (après prélèvements simultanés),
– un tracé très particulier à l’EEG (électroencéphalogramme) appelé «suppression burst » souvent retrouvé dans la forme néonatale sévère.

Le diagnostic sera confirmé par les tests de génétique moléculaire avec la recherche d’une mutation sur l’un des 3 gènes identifiés comme responsable de la maladie.
Dans certains cas, notamment si aucune cause génétique connue est trouvée, une biopsie hépatique pourra être nécessaire pour confirmer le diagnostic.

L’hyperglycinémie sans cétose

Étiologies

L’hyperglycinémie sans cétose est une maladie génétique provoquée par une mutation sur un des gènes codant pour l’enzyme de clivage de la glycine.

Elle est la conséquence d’une erreur dans le code génétique.
Dans 95% des cas il s’agit d’une erreur sur l’un des 3 gènes codant pour la synthèse de protéines qui composent l’enzyme de clivage de la glycine (= enzyme permettant la décomposition de la glycine et donc sa régulation).
L’erreur peut se situer sur :
– le gène GLDC (chromosome 9) codant pour la synthèse de la protéïne P (75%)
– le gène AMT (chromosome 3) codant pour la synthèse de la protéïne T (20%)
– le gène GCSH (chromosome 16) codant pour la synthèse de la protéïne H de façon très exceptionnelle.

Dans 5% des cas, appelés « nouvelle variante » de la maladie, les mutations se situent sur d’autres gènes codant pour la synthèse de cofacteurs de l’enzyme de clivage de la glycine.
Ces cofacteurs sont des molécules indispensables au fonctionnement de l’enzyme.
Ces gènes ne sont pas encore tous identifiés à l’heure actuelle.

L’hyperglycinémie sans cétose

Formes

En fonction du bilan génétique, des symptômes et des résultats biologiques, et indépendamment de l’âge d’apparition de la maladie, on distingue différentes formes d’hyperglycinémie sans cétose :
– FORME SEVERE (80%)
– FORMES ATTENUEES (20%) majeure, intermédiaire, mineure
– FORMES ATYPIQUES exceptionnelles
La forme sévère d’apparition néonatale est de loin la plus fréquente et donc la plus connue.
Cette forme est souvent la seule décrite dans la littérature.
Il faut noter qu’au début de la maladie, les symptômes sont souvent identiques quelle que soit la forme.
L’identification des mutations génétiques pourra orienter vers la forme développée.

Chaque enfant a sa propre évolution, les descriptions des formes d’hyperglycinémie sans cétose proposées sur ce site ne sont qu’indicatives.

Forme sévère

Elle représente 80% des cas.
Elle débute le plus souvent en néonatal (85%) c’est à dire dans les heures qui suivent la naissance mais peut apparaitre jusqu’à l’âge de 3 mois.
La forme sévère d’apparition néonatale est de loin la plus fréquente.
Il s’agit de la forme la plus connue de la maladie et la plus grave.
Les symptômes de la maladie s’installent en quelques heures : hypotonie majeure, perte des réflexes de succion et de déglutition, crises convulsives graves, léthargie glissant vers un coma avec des apnées puis une détresse respiratoire grave nécessitant une ventilation assistée.
Les nourrissons décèdent après quelques jours du fait de l’atteinte neurologique ou par arrêt des soins.
Un petit nombre d’enfants atteints de la forme sévère survivent cependant quelques semaines, voir quelques années.
Ils présentent alors une hypotonie sévère (peu ou pas de tenue de tête, peu ou pas de déglutition, peu ou pas de mouvement volontaire …).
Les crises convulsives sont graves et difficilement maîtrisables par les antiépileptiques.
Les enfants restent à un stade de développement d’un enfant de 8 semaines.
Les interactions avec l’environnement sont limitées : pas de langage oral, le sourire n’est pas toujours acquis, certains enfants pleurent ou crient mais d’autres n’émettent aucun son, ils ne suivent pas toujours du regard.
Les infections respiratoires sont fréquentes et graves et sont souvent la cause d’un décès.
La nutrition s’effectue par sonde (gastrostomie).

Formes atténuées

Les formes atténuées se déclinent en 3 sous catégories : majeure, intermédiaire et mineure en fonction des acquisitions psychomotrices des enfants. Il faut noter que certains enfants sont à la limite entre deux formes.

Elle représente 20% de l’ensemble des cas d’hyperglycinémie sans cétose.

Les formes atténuées représentent :
– 15% des cas d’apparition néonatal
– 50% des cas lors de l’apparition entre l’âge de 2 semaines et 2 mois
– 100% des cas si les symptômes apparaissent après l’âge de 3 mois.

En néonatal, dans la plupart des cas la maladie débute de la même façon que pour la forme sévère : hypotonie majeure, perte des réflexes de succion et de déglutition, crises convulsives non systématiques mais fréquentes puis coma avec apnées pouvant nécessiter une ventilation assistée.
En début infantile, le nourrisson présentera des convulsions et un retard psychomoteur.
Puis, spontanément, ou bien après la mise en route d’un traitement par benzoate de sodium, l’état neurologique de l’enfant s’améliore, il reprend une ventilation spontanée.
L’enfant présente ensuite un retard de développement psychomoteur et de façon non systématique des crises convulsives : celles-ci sont maîtrisées par les traitements antiépileptiques.

D’une façon générale pour toutes les formes atténuées :
– les patients présenteront lors d’épisodes infectieux et/ou fébriles une léthargie parfois importante,
– les troubles de l’intégration neurosensorielle sont constants sur ces 3 formes et en fonction de leurs manifestations ils nécessiteront une prise en charge particulière,
– la mise en place d’outils de communication est indispensable
– la stimulation intellectuelle favorise la réduction des troubles du comportement.

Forme atténuée majeure

Elle peut être parfois très proche de la forme sévère.
La position assise, la préhension d’objet, l’alimentation orale et les interactions sociales sont possibles. Une communication alternative par signes, pictogrammes et commande oculaire est envisageable.
La marche n’est pas acquise.
Les troubles du mouvement peuvent être très importants avec chorées et dystonies. La spasticité est toujours retrouvée.
L’épilepsie est présente mais contrôlée par les traitements.

Forme atténuée intermédiaire

La marche est acquise mais la fatigabilité et les troubles du mouvement nécessitent souvent l’utilisation d’un fauteuil roulant.
Les chorées et l’ataxie entrainent des troubles de la coordination globale et oculomotrice, des pertes d’équilibre (chutes), de grosses difficultés en motricité fine.
Cette forme est caractérisée par des troubles du comportement qui peuvent être violents ainsi qu’une hyperactivité majeure avec troubles de l’attention et une agitation psychomotrice. Ces troubles peuvent être réduits par une prise en charge adéquate comportementale ou médicamenteuse.
Les troubles de l’appétit et du comportement alimentaire sont fréquents (anorexie ou boulimie), ainsi que les troubles digestifs (constipation ou diarrhées chroniques).
Le langage oral est limité et d’apparition tardive, voir absent mais ces enfants répondent très bien à la mise en place d’une communication alternative multimodale : langue des signes, pictogrammes, classeurs de communication. La mise en place d’outils de communication réduit considérablement les troubles du comportement et permet une réelle avancée dans les apprentissages. L’utilisation de clavier numérique permettra de compenser les difficultés motrices pour l’accès à l’écriture.

Forme atténuée mineure

La marche est acquise et la motricité globale est bonne. Ces enfants savent faire du vélo seuls.
La motricité fine est légèrement perturbée notamment l’écriture. La mise en place de crayon alternatif (claviers) compensera cette difficulté.

On retrouve des troubles du comportement et l’hyperactivité avec trouble de l’attention qui par une prise en charge adaptée seront complètement gérables.

Le langage oral arrive tardivement mais pourra être normal à terme dans les formes les plus légères. Dans les autres cas la mise en place d’outils de communication est essentielle.

Formes atypiques

FORME TRANSITOIRE
Seulement 15 cas ont été décrits au monde.
La maladie s’installe, comme pour la forme sévère et modérée, quelques heures après la naissance, mais les symptômes régressent petit à petit avant l’âge de 4 mois pour ne laisser peu ou pas de séquelle.

L’hyperglycinémie sans cétose

Traitements

Cette maladie métabolique est une maladie orpheline, c’est à dire qu’aucun traitement n’existe à l’heure actuelle pour en guérir.
Les thérapeutiques proposées ont pour but de limiter l’effet toxique de la glycine et ainsi limiter les crises convulsives, quelques soit la forme présentée, et améliorer le développement psychomoteur des enfants ayant une forme atténuée.

La mise en route précoce du traitement par benzoate de sodium améliore de façon importante l’évolution dans le cas des formes atténuées.

Benzoate de Sodium (Sodium Benzoate)

Il permet d’abaisser le taux de glycine circulant dans le sang mais il n’intervient pas directement sur le taux de glycine circulant dans le Liquide Céphalo Rachidien qui peut rester élevé. On pense cependant que maintenir un taux de glycine sanguin normal permet de réduire le taux de glycine dans le LCR.
Le benzoate est administré en 3 ou 4 prises quotidiennes.
Les doses sont variables en fonction de chaque patient, entre 250 et 750 mg/kg/jour.
Il est préparé par les pharmacies de ville sous forme de poudre, en sachets ou gélules et parfois sous forme liquide.
Une forme injectable existe également en France, préparée par l’AP-HP et permet une administration intra veineuse lorsque le patient ne peut plus s’alimenter (gastro entérite, chirurgie…).

Dextrométhorphane (Dextromethorphan)

Utilisé surtout dans les formes atténuées et si le benzoate de sodium ne suffit pas à améliorer les symptômes.
Le dextrométhorphane est un antagoniste des récepteurs NMDA, ces récepteurs étant stimulés de façon excessive dans l’hyperglycinémie sans cétose.
La posologie est extrêmement variable d’un patient à un autre et doit être adaptée en fonction de l’état clinique et peut aller de 5 à 35 mg/kg/jour.
Le dextromethorphane se trouve dans les sirops contre la toux prescrits alors hors AMM dans le cas de l’hyperglycinémie sans cétose.

Phosphate de pyridoxal (Pyridoxal phosphate)

Prescrit seulement à certains patients en fonction de leurs mutations génétiques après avis du Dr Van Hove.
Le phosphate de pyridoxal permet de renforcer la stabilité de l’enzyme de clivage de la glycine et ainsi lui permettre une meilleure efficacité.
Il est préparé en pharmacie de ville sous forme de poudre en gélule à ouvrir et à diluer dans de l’eau.
Une surveillance de la fonction hépatique est à prévoir avec ce traitement.

Protecteurs gastriques

Un des effets secondaires du benzoate de sodium est le risque d’ulcération de l’œsophage et de l’estomac, surtout à des doses supérieures à 500 mg/kg/jour.
Afin de les éviter, les patients pourront être mis sous ce type de traitement.

Carnitine

Le prise de benzoate de sodium peut entrainer une baisse du taux de carnitine. Ce taux sanguin doit être régulièrement contrôlé et en fonction des résultats une supplémentation en carnitine sera proposée de façon épisodique ou durable.

Antiépileptiques

Ils seront plus ou moins nombreux en fonction de la difficulté à maitriser les crises. Au-delà d’une association d’au moins 3 anti épileptiques, on parle d’épilepsie pharmaco résistante, rencontrée fréquemment dans la forme sévère.

ATTENTION ! Certains antiépileptiques peuvent s’avérer dangereux voir fatals pour les malades atteints d’hyperglycinémie sans cétose.

Il s’agit de :
Vigabatrine (DCI)= Sabril®
Phénytoïne sodique(DCI) = Dilantin® – Prodilantin® – DiHydan®
Valproate de sodium (DCI) = Dépakine®

Autres traitements

D’autres traitements pourront être prescrits en fonction des symptômes, carences …

L’hyperglycinémie sans cétose

Régimes

Le Dr Van Hove rappelle :

– l’inutilité et l’inefficacité des régimes hypo protidiques,

– l’effet néfaste de la gélatine animale présente dans de nombreux plats cuisinés et les bonbons gélifiés. Il recommande aux parents d’être vigilants.
La gélatine augmente de façon non négligeable le taux de glycine dans le sang.
On la retrouve sous l’appellation E441 mais elle n’est pas toujours indiquée sur la composition des préparations.

D’une façon générale la glycine est surtout présente dans les cartilages et la peau des viandes.

Dans le cas des épilepsies pharmaco résistante, il pourra être proposé un régime cétogène.
La consommation de sucres rapides, d’additifs alimentaires et de colorants pourra exacerber les troubles du comportement.

Contact

Téléphone : Isabelle BIGNON (Secrétaire) : 06 37 98 84 98

Email : lespetitsbourdons@gmail.com